Un professeur retraité, exaspéré par l’utilisation intempestive de sa piscine par des personnes fatiguées, décide de leur donner une leçon.

Chapitre 5 : La tension monte

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Arthur Caldwell avait passé la majeure partie des derniers jours à surveiller ses voisins et à guetter le moindre signe de leur prochain geste. Il ne pouvait se défaire de l’impression que la situation n’était pas terminée. L’attitude méprisante de Chad, ses rires moqueurs, tout cela lui brûlait la poitrine comme une brûlure sourde. Il les avait prévenus, il avait posé un ultimatum, mais au fond de lui, il savait qu’ils n’en resteraient pas là si facilement. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils ne tentent de le provoquer à nouveau.

Cette pensée le rongeait, le poussant à se lever plus tôt chaque matin. Chaque matin, Arthur prenait son temps, vérifiant méticuleusement la piscine, les mains fermes tandis qu’il contrôlait le taux de chlore. Il ne s’agissait pas seulement de s’assurer de la propreté de l’eau ; il se préparait à l’inévitable.

Et chaque fois qu’il mettait le nez dehors, son regard se portait sur la clôture. Le moindre bruit le tendait, le moindre grincement du portail le faisait craindre leur retour. Il était à cran. Mais il refusait de laisser paraître ses émotions. Il ne voulait pas qu’ils le voient flancher.

Le premier signe que quelque chose n’allait pas apparut deux jours après leur confrontation. Arthur était assis dans son fauteuil préféré, près de la fenêtre de la cuisine, la lumière du soleil filtrant à travers les stores, lorsqu’il remarqua un léger mouvement au coin de son jardin. D’abord, il crut qu’il s’agissait d’un oiseau ou du bruissement des feuilles, mais en regardant de plus près, il aperçut quelqu’un au portail.

Chad.

Il se tenait dehors, le regard fixé sur la piscine. Il ne vit pas Arthur tout de suite, et pendant un long moment, Arthur songea à rester caché. Il pouvait simplement observer, voir ce qu’il ferait, s’il tenterait de se faufiler à nouveau dans le jardin. Mais la tentation de l’affronter une fois de plus était trop forte. L’idée de laisser tomber, de lui permettre de croire qu’il pouvait simplement rentrer chez lui comme si de rien n’était, était insupportable pour Arthur.

Arthur se leva et se dirigea calmement vers la porte, l’esprit tourmenté par une multitude de pensées, une multitude de façons de gérer la situation. Mais alors qu’il atteignait le porche, il entendit Chad l’appeler assez fort pour qu’Arthur l’entende distinctement : « Hé, vieux. T’es là ? »

Ces mots le frappèrent comme une gifle. Il ne savait pas pourquoi cela le dérangeait autant – peut-être était-ce ce manque de respect désinvolte, la façon dont Chad le traitait encore comme un vieil homme insignifiant – mais c’était le cas. Tout son être criait qu’il devait faire quelque chose. Qu’il devait enfin mettre un terme à tout ça.

Sans réfléchir, Arthur sortit.

« Chad », appela-t-il d’une voix sèche. « Qu’est-ce que tu fais ? »

Chad se retourna, feignant la surprise. « Oh, salut. J’admirais la piscine, tu sais ? Je me suis dit que je passerais voir ton “oasis privée”. Ça a l’air plutôt sympa. »

Arthur serra les poings, mais garda une voix calme. « Je te l’ai déjà dit. Tu n’es pas le bienvenu ici. Reste loin de chez moi. »

Chad leva les yeux au ciel et croisa les bras. « Allez, mec. Détends-toi. C’est pas comme si je voulais te faire du mal. C’est juste une piscine. »

« Juste une piscine ? » Arthur était incrédule. « Ce n’est pas juste une piscine. C’est ma propriété. Mon espace. Je me fiche de ce que tu en penses. Tu n’as pas le droit de l’utiliser. »

Chad leva les mains en signe de fausse reddition. « Bon, d’accord. J’ai compris. Mais on est juste voisins, mec. Pas besoin de s’énerver pour si peu. »

Arthur fit un pas en avant, le regard fixe et ferme. « Je t’ai prévenu. Je ne me répéterai pas. Reste loin de chez moi. Si je te revois ici, j’appelle la police. »

L’expression de Chad changea un instant, mais il reprit vite. « Tu vas vraiment faire ça ? Tu vas appeler les flics parce que je me baigne dans une piscine ? »

Arthur hocha la tête à voix basse. « Tu as déjà dépassé les bornes. J’en ai assez. »

Un long silence s’installa. Chad semblait peser le pour et le contre, son sourire arrogant s’effaçant tandis qu’il évaluait la détermination d’Arthur. Finalement, haussant les épaules, il se retourna et regagna sa maison en marmonnant quelque chose.

Arthur resta là un moment, le regardant partir, l’adrénaline encore palpitante. La rencontre avait été brève, mais la tension était palpable. Il était clair désormais que Chad n’allait pas abandonner si facilement. Il y avait en lui une obstination tenace, une qualité qu’Arthur reconnaissait chez lui, plus jeune : le désir de repousser les limites, de tester les frontières.

Les jours suivants, la tension entre Arthur et ses voisins couva. Il savait qu’ils l’observaient toujours, attendant qu’il cède. Mais Arthur n’était pas du genre à se laisser faire, surtout quand il s’agissait de sa tranquillité. Il conserva ses habitudes, vérifiant la piscine chaque matin, s’assurant que tout était en ordre. Mais chaque fois qu’il faisait le tour du jardin, son regard se portait vers le portail, son cœur s’emballant.

Et puis, le cinquième jour après leur confrontation, le pire se produisit.

Arthur se tenait au bord de la piscine, ajustant l’écumoire, lorsqu’il perçut un faible bruit. Le silence était si profond qu’il faillit l’attribuer au vent ou à un animal, mais le bruit revint aussitôt : un léger plouf, suivi d’un rire indubitable.

Le cœur d’Arthur se serra. Il se retourna brusquement vers le bruit, l’estomac noué. Chad se tenait là, au bord de la piscine.

Un haut-le-cœur l’envahit lorsqu’Arthur comprit ce qui s’était passé. Le portail… il ne l’avait pas vérifié correctement ce matin-là. Pris dans ses habitudes, il n’avait pas remarqué qu’il était entrouvert. Et voilà qu’ils étaient de retour : ses voisins, prenant ce qui ne leur appartenait pas, comme il l’avait craint.

Le pire, c’était qu’ils étaient revenus à la faveur de la nuit. Ils étaient sournois, essayant de s’en tirer sans se faire remarquer. Mais Arthur les avait vus, et il n’allait pas les laisser faire.

Il traversa le jardin d’un pas lourd et déterminé. « Qu’est-ce que vous croyez faire ? » lança-t-il sèchement. Chad se figea, la main toujours posée sur le bord de la piscine. Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, surpris, mais dissimulant aussitôt sa surprise derrière un sourire narquois. « Arthur, allez ! On s’amusait juste un peu. C’est rien. »

Arthur serra les dents. Cette fois, il ne prit même pas le temps de réfléchir à sa réponse. C’en était trop. « Tu es prévenu. Sors de ma piscine. Immédiatement. »

Chad recula, cherchant du regard une issue, mais la position d’Arthur ne lui laissait aucune marge de manœuvre. Ses yeux se plissèrent et, un instant, Arthur reconnut cette même assurance suffisante sur le visage de Chad. Mais il y avait quelque chose de différent maintenant : une hésitation, une lueur de doute.

« On ne reviendra pas », marmonna Chad, visiblement irrité mais obéissant.

Arthur les regarda rassembler rapidement leurs affaires, leurs pas lourds les menant vers le portail. Une fois partis, Arthur ne bougea pas. Il se tenait au bord de la piscine, le souffle court, les poings serrés le long du corps.

Ils étaient partis, pour l’instant. Mais Arthur savait que ce n’était pas fini. Il ne s’agissait plus seulement d’une piscine. C’était bien plus que cela.

Il s’agissait de respect, de garder le contrôle sur ce qui lui appartenait.

Et il ne les laisserait pas le lui prendre.

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